Voici une véritable question. Est-simplement pour gagner de
quoi vivre ? Est-ce un levier d’épanouissement et de réussite personnelle,
ou une exploitation de l’homme par l’homme ?
C’est une solution intermédiaire qu’ont retenu Fabienne
Autier et Sanjy Ramboatiana, auteurs de « Travailler, pour quoi faire »,
un livre pratique et bien fait qui fait réfléchir chacun sur son parcours
professionnel avec comme promesse un traité de réussite professionnelle à l’usage
de tous.
Les trois phases du parcours professionnel
Le fondement de cette réflexion sur le parcours
professionnel, ce sont trois phases successives. Une phase d’obligations qui
débute au départ de la vie professionnelle, suivie d’une phase d’initiatives
puis une phase d’aspirations s’achevant avec le départ à la retraite. Chaque
fin de phase est marquée par une crise de motivation plus ou moins importante
qui signe le moment de passer à l’étape suivante.
Entrer dans la vie professionnelle : phase d’obligations
A l’entrée dans la vie professionnelle, on a tout à
apprendre et on est conscient de la nécessité d’assimiler les techniques de son
métier. Tout est nouveau. On attend un manager attentif et présent qui
conseille, encadre, encourage et reconnait la qualité du travail effectué. La
satisfaction de contribuer à la marche de l’entreprise est grande et on
recherche l’appartenance, la reconnaissance de ses pairs et de sa hiérarchie.
Vers la trentaine, les obligations deviennent contraintes, on recherche plus d’autonomie.
Phase d’initiatives : la maturité professionnelle
Peu à peu, on arrive à une phase plus mature, celle des
initiatives où on ne se contente plus d’atteindre des objectifs fixés par
d’autres. On prend de la hauteur et on souhaite montrer ce qu’on sait faire, se
différencier avec des initiatives pour améliorer ses performances et contribuer
activement aux performances de son organisation. Le manager n’est plus le guide
mais on attend de lui des objectifs plus stratégiques, une plus grande
autonomie.
C’est aussi un moment où la compétence est reconnue par des
promotions, une progression salariale, de nouveaux challenges dans l’entreprise.
Cette phase prend fin avec une lassitude. On s’ennuie, on se
satisfait moins des réalisations avec l’impression d’avoir fait le tour de son
métier. Stress et déprime peuvent marquer cette étape. Professionnellement, on
est arrivé à une position sociale de professionnel reconnu, souvent associé à
une vie familiale et personnelle stabilisée : maison, enfants … Cela peut
se manifester par une remise en cause des orientations de l’entreprise ou de
ses managers qui, finalement, ne semblent plus si compétents.
Cette étape de mi-carrière peut être très perturbante. Plus
rien à prouver, des enjeux qui ne font plus vibrer, une mobilisation et un
intérêt qui s’effritent … D’autant plus que cette étape correspond souvent aussi
à la crise de milieu de vie, moment de doute et de remise en question
personnelle. On sait ce qu’on ne veut plus … mais pas ce que l’on veut.
Ceci mène à une phase de crise et de nécessaire réflexion. On
peut réagir à cette crise par un surinvestissement dans de nouveaux challenges
professionnels, une reconversion vers un nouveau métier ou un changement de vie.
On peut aussi se recentrer sur des activités personnelles en lâchant prise sur
un travail qui ne donne plus satisfaction.
Phase d’aspirations : donner du sens à sa vie
Les deux auteurs expliquent parfaitement la nécessité
impérieuse de réfléchir sur soi, sur ses besoins profonds pour arriver à la
dernière phase, celle des aspirations. Ce n’est plus l’organisation dont on
dépend qui vous nourrit, mais il va falloir trouver les ressources en soi.
Si les deux premières étapes sont un cheminement naturel, la
dernière phase nécessite un réel investissement personnel pour trouver ses
propres valeurs.
Ce livre fournit des clefs pour lire son parcours
professionnel en y incluant une dynamique de l’âge. On n’attend pas les mêmes
choses de son travail à 20 ans et à 50, c’est évident, et ce livre théorise les
différents profils et étapes du parcours professionnel. Aujourd’hui, on le
sait, chacun doit prendre en main son destin professionnel sans attendre tout
de l’entreprise.
Ces périodes de crise sont normales, et correspondent à la
transition entre deux états. Voilà qui est très rassurant.
Lire ce livre, c’est être rassuré, remettre les choses à
leur place et entreprendre une réflexion. Inutile de jeter le bébé avec l’eau
du bain, comme dit l’expression. On se pose, on réfléchit, on constate qu’une
étape est passée et qu’il va falloir s’investir de manière différente, avec des
choix et des enjeux nouveaux.
Un outil pour les managers
Pour un manager, cela permet de comprendre où se situent ses
collaborateurs pour leur fournir l’aide dont ils ont besoin au bon moment. Un
jeune collaborateur aura besoin d’être encadré, d’avoir des missions clairement
exprimées et expliquées, des points réguliers alors qu’un collaborateur
confirmé aura besoin qu’on lui laisse plus d’autonomie. A un collaborateur en
fin de phase d’initiatives, il faudra laisser le temps de la réflexion,
éventuellement proposer un coaching et apporter un soin particulier à l’entretien
professionnel désormais obligatoire tous les deux ans.
La démotivation d’un collaborateur s’explique peut-être
simplement le passage entre deux phases.
Pour ma part, j’ai déjà eu l’occasion d’exposer à plusieurs
reprise ce concept des trois phases de la vie professionnelle, et j’ai senti
que celui-ci faisait mouche, et que chacun trouvait un éclairage nouveau à se
situer dans ce parcours de la vie professionnelle.
Fin de carrière des seniors : vers l’accomplissement
Pour les seniors (on est senior dès 45 dans le cadreprofessionnel), c’est un éclairage précieux. Cette phase d’aspirations est
celle que vivent les seniors au moment si critique qui est celui du passage à
la retraite.
Devenir soi, quand on se prépare à être libéré des
contraintes familiales et professionnelles pour s’acheminer vers la retraite
est un enjeu majeur pour les seniors. Cette réflexion est à faire impérativement
pour préparer sa fin de carrière. Les aspirations pourront se manifester par
une volonté de transmettre avant son départ, ou d’insuffler ses propres valeurs
dans ses fonctions par de nouveaux challenges, s’engager dans des associations
ou des activités créatives restées en sommeil jusque là.
Court, clair et bien fait, ce livre est directement
exploitable aussi bien pour ceux qui souhaitent piloter leur parcours
professionnel, que pour des responsables RH. C’est un livre à lire, et à relire
lors des étapes de sa vie professionnelle.
C’est avant tout un outil individuel. Il y manque peut-être
une partie un peu plus fournie sur le rôle de l’entreprise pour suivre le parcours de ses salariés.
Il est évident qu’on ne gère pas un professionnel en phase d’apprentissage du
métier, un salarié confirmé et un senior en fin de carrière. L’entreprise doit
fournir des outils d’accompagnement des carrières, comme le précise le code du
Travail.
Généraliser l’accès au bilan de compétence, ou le coaching
peut permettre d’y voir plus clair au moment du passage entre deux phases. Les
salariés bien dans leur job font les entreprises performantes, donc l’entreprise
à tout à y gagner.
Travailler pour quoi faire ? de Fabienne Autier et
Sanjy Ramboatiana – 2016 - édition Gereso
Tiens, voilà une idée cadeau pour mon papa qui s'inquiète d'arriver bientôt à la retraite :)
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